Briser le silence, l’appel a été lancé depuis les premiers bombardements sur les civils de la bande de Gaza. Il a eu un large et étendu écho, il continue à se faire entendre partout dans le monde : le cri a pris une forme plus avancée, désormais on clame, on écrit, on chante «Free Palestine».
Dans les capitales, dans les grandes villes occidentales et dans les campus, les marches se suivent et ne se ressemblent pas (des souvenirs en flashs des manifestations contre la guerre du Vietnam me reviennent) : «Free Palestine», les voix autorisées dans les instances internationales religieuses et civiles, à l’ONU, au Vatican se sont élevées pour inciter et encourager l’arrêt des massacres et à briser la glace, l’iceberg qui cache la vérité. Près de trois mois après l’horreur, les cris continuent à monter au ciel, plus forts, plus amples, convergeant vers un même but : la paix. Les bombardements israéliens par milliers d’obus ont été déversés, faisant près de 21 mille morts, majoritairement des femmes, adolescents et enfants. Des paysages de quartiers entièrement dévastés, des villages transformés en un champ de ruines Une grande partie de la population se trouve désormais au sud : les médecins, de l’OMS, images insupportables à l’appui, devant l’hôpital d’El Aqsa (ou ce qu’il en reste), témoignent et alertent sur la situation du système de soin. La machine de guerre continue à tuer (on signale un enfant tué toutes les 6 minutes et des vivants vidés de leurs organes…). Face à ce niveau d’horreur, le chef de l’Etat-major israélien annonce, gravement, que la guerre se poursuivra encore quelques mois, il ne dit ni combien de mois ni pourquoi elle se poursuit. Nous sommes en période de fêtes, les habitants de tous bords se souhaitent de vivre dans la concorde, le pardon, la santé et la sérénité. Partout, sous toutes les formes, dans toutes les langues, on crie «paix». La communauté internationale s’attendait à une trêve; au Vatican, le jour de Noël, dans son traditionnel discours à Rome et au monde (Urbi et Orbi), le Pape François déclare : «Je demande que cessent les opérations militaires, avec leur effroyable suite de victimes civiles innocentes, et que l’on remédie à la situation humanitaire désespérée en œuvrant à l’arrivée de l’aide humanitaire». De Bethléem, connue pour être la ville de naissance du Christ, faute de visiteurs et de pèlerins, la crèche de Noël a été bricolée par des gravats et de piètres objets de fortune : affligé, le Pasteur Rev Munther Isaac envoie un message : «A nos amis européens. Je ne veux plus jamais vous entendre nous faire la leçon sur les droits de l’homme et le droit international… Cela ne s’applique pas à nous selon votre propre logique». De son côté, l’écrivain palestinien Karim Kattan (son premier roman Le Palais des deux collines, éditions Elyzad en 2021, a reçu le prix des cinq continents de la francophonie la même année. L’Eden à l’aube est à paraître en 2024.), signe une Tribune en forme de lettre au président Macron, publiée par le journal Le Monde et intitulée : «Ne contribuez pas à notre effacement, ni à notre destruction. Dites : chrétiens palestiniens». Contre le mauvais usage (délibéré) des mots, la critique de Kattan dénonce l’utilisation du terme «chrétiens de Terre sainte» pour éviter de dire chrétiens palestiniens. «Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde», disait Albert Camus.